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Intimate Visions, Paris (2025)

Date

7 Mars – 10 Mai 2025

Adresse

White Cube Paris

10 avenue Matignon
75008 Paris

Sous le commissariat de Clémande Burgevin Blachman et de Mathieu Paris

La galerie White Cube Paris a le plaisir de présenter « Intimate Visions », une exposition collective organisée par Clémande Burgevin Blachman, designer française reconnue pour son travail dans le domaine de la mode, en collaboration avec Mathieu Paris, Global Sales Director chez White Cube.

Réunissant une sélection de peintures, de sculptures, de mobilier et céramiques sur une période de 150 ans, l'exposition se déploie à travers un dialogue entre les commissaires, illustrant comment impressions personnelles et choix esthétiques peuvent aboutir à un « univers » singulier.

Les artistes exposés incluent des figures contemporaines telles que Tracey Emin, Diamond Stingily et Sterling Ruby aux côtés d'artistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, dont Victor Hugo, Gustav Klimt, Hughie Lee-Smith, Aristide Maillol et Franz von Stuck. Ces œuvres sont présentées aux cotes d’objet d’Art nouveau, signés notamment Max Laeuger, Abel Landry et Clément Massier.

Vues d'exposition

Une toile vierge ne le reste que jusqu'à ce qu'elle soit colorée d'impressions. Ce qui nous vient à l’esprit spontanément s’intègre progressivement à un chœur de signes vus, entendus et réfléchis : un univers esthétique subjectif en évolution, accumulation et approfondissement constants. 

Les œuvres de cette exposition sont les voix d'un tel chœur, délicatement dévoilé par Clémande Burgevin Blachman au travers de son dialogue avec Mathieu Paris. Ce que l'on voit ici est un univers en miniature, une orbite d'idées et d'esthétiques ayant pris forme. Le désir d'en tracer la constellation en faisant des rapprochements entre celles-ci est aussi irrésistible qu'inévitable. 

Je connais Clémande Burgevin Blachman dans le contexte de mon travail dans la mode, un monde où elle est à la fois discrète et éminente. Dans son métier, elle se spécialise en conception et création d'accessoires, la catégorie de mode la plus variée. Si les vêtements sont des vêtements et les chaussures des chaussures, les accessoires constituent une classification non spécifique et infinie. Ils comprennent l'embellissement et la praticité, l'essence et l'ajout. 

Le dictionnaire Oxford English Dictionary définit l'accessoire comme « une chose pouvant être ajoutée à une autre afin de la rendre plus utile, versatile ou attrayante ». Selon cette définition, ce texte serait alors un accessoire des « Intimate Visions » que partagent ici Clémande Burgevin Blachman et Mathieu Paris. De plus, chaque œuvre incluse dans l’ensemble de l'exposition est un accessoire qui compose le chœur de cette dernière, tel les fragments interconnectés d'une sensibilité plus ample. 

L'étendue du territoire couvert par cette exposition est d'une précision révélatrice du fait de son éclectisme évident. L'art, le design et la céramique sont rassemblés et juxtaposés sans hiérarchie. D'Abel Landry à Sterling Ruby, on y trouve les œuvres de créateurs dont la diversité des formes d'expression erre au-delà des cordons en velours prosaïques de la culture. Chaque œuvre, à sa façon, brouille les frontières entre discipline et tradition, nous invitant à établir des liens par juxtaposition et contraste. Ceci pose alors la question de l’œuf et de la poule : ce goût varié vient-il de la pratique de Clémande Burgevin Blachman dans le domaine de la création et de la conception d'accessoires, ou est-il le reflet de ce trait de caractère qui lui permet d'être si douée dans ce domaine ? 

Quelle que soit la réponse (et je pencherais instinctivement pour la seconde), la liberté de l'éventail de création de Clémande Burgevin Blachman lui a permis, ainsi qu'à Mathieu Paris, de regrouper un ensemble d'œuvres qui, entre elles, génèrent des acoustiques conceptuelles fascinantes. Cette résonance nous interpelle au-delà de la matérialité, tel un écho d'idées et de formes provenant de trois siècles et de nombre de mouvements. L'aspect collaboratif de cette sélection d'œuvres amplifie son impact, chacune renforçant et réfléchissant la suivante. 

Pour ma part, j'adore l'inclusion de la peinture d'un auteur, en particulier celle d’un auteur qui a lutté avec la symbolique du texte de manière si captivante. Cette impression est d'autant plus forte lorsque l’on observe la façon dont le ciel tourbillonnant dépeint par Victor Hugo dans Bord de mer à Guernesey reflète les surfaces texturées et agitées des toiles de Sterling Ruby, les couleurs chargées et opaques des paysages à l'aquarelle de Landry, la patine laquée et rugueuse des céramiques de Clément Massier et les profondeurs du bronze des sculptures d'Aristide Maillol. 

Principalement dans l'œuvre d'Aristide Maillol, mais également dans l'ensemble de l'exposition, le corps féminin apparaît comme un signe énigmatique dans cette mosaïque de surfaces expressives. L'artiste néo-classique Aristide Maillol avait forgé de nouvelles perspectives sur la mémoire culturelle collective. À travers l'homogénéité de sa représentation et son manque de sexualisation prosaïque, son œuvre annonçait des changements de perspective à venir quant à l'identité, le regard et l'intention. Les lignes sinueuses de ce discours en évolution sont ici tracées à travers les prismes de Hughie Lee-Smith, de Tracey Emin ou de Gustav Klimt. Chacun de ces artistes interroge, à sa manière, la représentation, compliquant les idées reçues sur la féminité, le désir et le sens de soi. 

Cette sinuosité mène à l'Art nouveau, un mouvement dont l'esprit et la philosophie sembleraient servir de parenthèse subconsciente à l'ensemble de l'exposition. La peinture imaginative d'un putto ailé de Franz von Stuck, un Éros dirigeant un centaure grisonnant, résume parfaitement son approche sensuellement désinhibée et symboliquement chargée de la psyché artistique – une psyché qui embrasse la beauté comme un moyen de perturbation autant que de décoration. 

L'aspect radical en Art nouveau de la représentation des femmes et de son ouverture pré-abstraite envers l'interprétation des rêves, des instincts et d'autres sujets au-delà du littéral a parfois été, a posteriori, obscurci par la méfiance de la critique à l'égard de la beauté de ses lignes et de son ethos décoratif perçu comme quelque peu excessif. Cependant, dans cette exposition, cette approche, radicale à son commencement, est en écho direct au travail progressiste contemporain de Tracey Emin et de Sterling Ruby. Grâce aux correspondances nées du dialogue curatorial entre Clémande Burgevin Blachman et Mathieu Paris, ce que le temps a aseptisé réaffirme avec force sa place dans la lignée des expérimentations progressistes – tout comme Aristide Maillol avait traduit l'antiquité en avant-garde. 

De tout l’éventail disciplinaire de cette exposition entre art et design, je suis personnellement le plus émerveillé par l'extraordinaire fauteuil en bambou et en cuir imprimé conçu par un(e) créateur/créatrice anonyme vers 1920. Il s'agit d'un trône qui réunit un ensemble presque surréaliste d'éléments, tout particulièrement ses sphères peintes : un étrange objet qui semble osciller entre l’aspect pratique et la fantaisie. Ce trône parait tel un météore provenant d'une toute autre atmosphère artistique et qui aurait tranquillement atterri dans la nôtre. Et parce que cet objet est orphelin, sans signature, cachet ou auteur – marqué uniquement de cette date permettant de le placer dans la matrice – le mystère de son génie et la liberté sous-jacente à sa conception n'en sont qu'amplifiés. C'est autant un artefact qu'une énigme. 

Ce qui nous ramène à Victor Hugo, qui écrivait : « rien n'est tel que le rêve pour engendrer l'avenir ». Je l'imagine assis sur la côte, exilé sur une île, emmitouflé dans un magnifique pardessus et blotti dans sa barbe, appliquant de petites touches à cette peinture et réfléchissant à cette pensée. Cette invitation à rêver, à se laisser aller à l'introspection, et à laisser ensuite l'art qui émerge de ce mélange servir de pilier, paraît être essentielle à l'échange entre Clémande Burgevin Blachman et Mathieu Paris. Leur exposition n'est pas de celles qui exigent de se terminer par une conclusion ; elle crée plutôt une dialectique continue qui accueille de multiples disciplines, périodes et états d'esprit. L’attitude est l’accessoire.   

L'exposition met en lumière autant des objets que la résonance qui existe entre ceux-ci : des points d'intersection qui permettent, même maladroitement sans doute, de s'aventurer au tracé hypothétique d'un univers du goût et de la pensée dont la pesanteur a réuni ces objets. Tous servent d'accessoires à une imagination libre et débordante.  

Luke Leitch


Luke Leitch est journaliste de mode pour Vogue basé entre Londres et Milan. Par le passé, il a été reporter des arts pour le London Evening Standard.


Sélection d'œuvres

Clément Massier

Alhambra-style jardinière and pedestal, c.1880–1900

Aristide Maillol

La nymphe sans bras, 1930 (cast before 1939)

Victor Hugo

Bord de mer à Guernesey, 1856

Diamond Stingily

Apple Tree, 2023

Aristide Maillol

La grande femme assise, 1920 (cast after 1944)

Tracey Emin

I was Left here in Time, 2024

Hughie Lee-Smith

Nude, 1949

Sterling Ruby

HORIZON. CHILDREN NATURALLY FEAR LOUD NOISES, 2024

Max Laeuger

Feuillages, c.1905

Sterling Ruby

FP (8643), 2024

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